À la suite d’une opération, Hélène choisit de faire une retraite dans une communauté de sœurs bénédictines. Il y a la foi, bien sûr, l’envie de s’adresser à Dieu, le besoin de se retirer, la paix de l’âme. Elle s’abandonne dans l’harmonie d’un quotidien rythmé par des tâches domestiques, l’apprentissage de l’enluminure et la prière. Cette parenthèse se renouvellera régulièrement. Jusqu’au jour où elle décide de prononcer ses vœux. Détail important bien qu’invisible, Hélène, avant son opération, avait le corps d’un homme.
Claire Huynen est une auteure inspirée. Son style élégant, sensible et précis parvient à nous faire vivre les mystères de la foi. Décrites successivement, les personnalités des quatorze moniales incarnent la réalité de la vie communautaire. Et lorsqu’il s’agit de se prononcer sur l’intégration d’Hélène dans la vie monastique, leurs réactions à la transformation du genre sexuel engagent des débats simples mais profonds sur la religion et les règles de l’abbaye. Qu’est-ce que l’âme, qu’est-ce que le corps, quand l’être intérieur est à ce point habité ? Comment juger une vocation ? Se référant à la controverse de Valladolid, la diversité des réponses invite à la réflexion. S’il faut sans doute être habité pour écrire un tel livre, faut-il être croyant pour l’apprécier ? (D.D. et A.-M.G.)