Dans l’espace et le temps indéterminés du conte, Agnès, orpheline de mère, doit travailler à la buanderie du manoir voisin, son père étant dans la misère. Futée, elle se fait embaucher par une noble abbesse qu’elle seconde. Avec le messager de sa maîtresse, elle a deux filles au physique peu gracieux. Agnès dirige ensuite une brasserie puis les comptes du prince héritier qui, peu intelligent, boit beaucoup et épouse une femme capricieuse. Leur progéniture – nouvelle et inattendue Cendrillon – ne facilite pas la vie de sa future belle-mère. Le premier roman de Danielle Teller part d’une idée qui aurait pu être piquante : métamorphoser radicalement les personnages de Cendrillon et de la marâtre des contes de fées. Mais son propos n’est pas à la plaisanterie : on revisite, certes, mais dans le sérieux, voire le pesant. Nous suivons année après année les rudes besognes, les injustices du sort, les rares bonheurs d’une femme très modeste qui monte peu à peu dans la société. Les personnages, peu sympathiques, sont traités avec un réalisme bien éloigné de la féerie. L’histoire est bien conduite, mais le plaisir de lecture n’est pas à la hauteur du louable effort de reconstitution. (A.Le.)
Cendrillon et moi : la belle-mère parle enfin
TELLER Danielle