Le numéro de janvier 2024 de Dada est consacré à la censure dans l’art avec un sous-titre qui explicite ce qui est en jeu : la liberté d’expression. Celle de l’artiste qui exprime un point de vue, une vision du monde dont on pourrait débattre si on ne l’interdisait pas. Celle du destinataire de son œuvre, chacun de nous, que la censure prive de l’opportunité d’entendre ce point de vue et, à ce propos, de se faire une opinion. L’édito complète ainsi le dessin d’Ares, le caricaturiste cubain, choisi en couverture pour dire que la censure, à l’opposé des duels d’antan, est un rapport de forces inégal, le pouvoir, quel qu’il soit, l’emportant sur celui qui ose parler. Suivent, généreusement nourries d’exemples, les cibles et les modalités de la censure, différentes d’un siècle à l’autre, d’une forme de pouvoir à l’autre, religieux, politique ou moral, sous prétexte de protection du public. Au panthéon des maîtres penseurs, l’iconoclasme bien sûr : on décapite les saints en 1562 en France, on détruit la statue de Bouddha en Afghanistan en 2001, pendant que la pudibonderie officielle rhabille à tout va les nus. L’inventivité des artistes n’a pas de meilleure arme que l’humour et la dernière rubrique en donne des exemples savoureux. C’est clair, simple et documenté comme sont astucieuses les activités proposées aux enfants dans la rubrique jeux. Un numéro passionnant. (C.B)
Censuré ? : Art et liberté d’expression (Dada ; 278)
Collectif