Enfant, adolescente puis adulte, Herbjørg tient son journal et sa propre histoire l’incite à évoquer le passé familial, entre 1855 et 1942, privilégiant le rôle des femmes. Sara Suzanne, Elida et Hjørdis, figures centrales de cette saga, partagent leur temps entre travaux domestiques, surveillance de leur nombreuse progéniture et, pour deux d’entre elles, participation à la gestion du domaine. L’action se déroule le plus souvent au nord de la Norvège, dans ces îles et ces bordures côtières au rude climat où les habitants luttent contre le froid, la mer et le vent.
Herbjørg Wassmo, native de ces régions septentrionales, en a une parfaite connaissance et y situe souvent ses romans (Ciel cruel, NB avril 1998). L’apparition de nombreux étrangers à cette tribu très soudée, souvent simples silhouettes, donne de l’ampleur au récit, mais on se perd un peu dans cette multiplicité d’acteurs qui portent parfois le même prénom. Avec leurs côtés forts et parfois leurs faiblesses, les personnages mis en scène touchent par leur humanité. Les peines et les joies de chaque jour, la part de rêve propre à chacun, l’importance des non-dits s’entremêlent pour leur donner vie. Un ouvrage attachant à l’écriture parfaitement maîtrisée.