AprĂšs dâautres minoritĂ©s dĂ©portĂ©es dans les Abruzzes, les Chinois de la pĂ©ninsule sont regroupĂ©s lĂ , dans des camps ouverts, par le rĂ©gime de Mussolini. De 1941 Ă 1943, ils participent aux travaux du village, opposant Ă la curiositĂ© respectueuse des habitants leur mutisme protecteur. Apparemment rĂ©signĂ©s, ces Ă©trangers subissent, en une cĂ©rĂ©monie grotesque, un baptĂȘme collectif quâils rejetteront rapidement. AprĂšs la guerre, la communautĂ© se disloque, chacun retrouvant son individualitĂ© et la clandestinitĂ©.
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Ce fait minuscule et vĂ©ridique du rĂ©gime fasciste est ressuscitĂ© dans ce premier roman court et dense. Lâauteur y dĂ©crypte les attitudes de ces hommes nullement destinĂ©s Ă se rencontrer, radioscopie leurs Ă©motions en demi-teinte, leurs Ă©bauches de relations, leurs Ă©changes suggĂ©rĂ©s. Le roman est un solide exercice de style oĂč lâĂ©criture sĂ©vĂšre, parfois poĂ©tique, exprime avec force et retenue la douleur, lâincomprĂ©hension et lâhumiliation de lâĂ©migrĂ© devant lâabsurditĂ© dâun pourvoir intolĂ©rant.