À travers seize destins exceptionnels, se dessine, du XVIIIe au XXe siècle, l’évolution de la condition des populations noires, longtemps esclaves dans les possessions françaises. En font partie le chevalier de Saint-George (1745-1799), bretteur hors pair et musicien, fils d’une esclave guadeloupéenne ; Jean-Baptiste Belley, Sénégalais, député de Saint-Domingue à la Convention ; Louis Delgrès, mulâtre martiniquais, immolé avec trois cents hommes luttant contre le rétablissement de l’esclavage en Guadeloupe (1802). Mais, en 1931, Blaise Diagne, « fils d’une pileuse de mil », devient sous-secrétaire d’État aux colonies et René Maran, Guyanais, obtient le prix Goncourt. Félix Éboué, né à Cayenne, gouverneur du Tchad, rallie de Gaulle dès juillet 1940, tandis que Senghor et Césaire, respectivement agrégé de grammaire et normalien, deviendront députés de la IVe République. Enfin, Gaston Monnerville, Guyanais, avocat, sera président du Sénat de 1947 à 1968.
Les personnalités sont attachantes, les péripéties parfois dramatiques, et l’analyse de sociétés considérant les « Noirs » comme des choses est réaliste mais peu nuancée. Ne sont pas inutiles le rappel du sacrifice des tirailleurs sénégalais à Douaumont (1916) ni celui du massacre de sang-froid, en juin 1940, de prisonniers Africains par des Allemands racistes. Un récit historique d’un intérêt permanent.