Antoine Villaert est un jeune Parisien bien élevé, un peu fantasque, orgueilleux et timide à la fois. Il abandonne ses études à Polytechnique par manque de motivation, fait son service militaire pour échapper à sa famille, et prend un job dans l’édition pour pouvoir continuer de rêver tranquillement en attendant de trouver le bonheur. Il n’avait pas anticipé le bouleversement dans ses sentiments qui suit sa rencontre avec le Général, homme mûr, cultivé et élégant qui partage ses goûts artistiques. Bientôt, une guerre survient.
C’est un premier roman, écrit en 1955, réédité une première fois en 1967 après le succès de Renata n’importe quoi. Très différent de ce dernier, il raconte l’amitié particulière de deux hommes, leur rencontre heureuse et insouciante d’abord qui progresse régulièrement et inexorablement vers un dénouement tragique, stendhalien. Il est étonnant d’imaginer une jeune fille (ou une jeune femme, on sait peu de choses sur Catherine Guérard) écrire ce conte profond, romantique et tragique, variation sur l’amour, la passion et la mort. Pourquoi le choix de ce sujet casse-gueule, voire provocateur pour l’époque ? D’où l’auteur a-t-elle tiré son inspiration et ses modèles ? Le mystère restera et participe au charme de cette lecture envoûtante. L’écriture est parfaite, raffinée, avec des éclats d’ironie tendre. Catherine Guérard crée une atmosphère onirique et lyrique, très étrange. (T.R. et C.B.)