Le Wyoming, déjà théâtre du précédent recueil d’Annie Proulx Nouvelles histoires du Wyoming (NB mai 2007), est le véritable héros de sept de ces neuf nouvelles. Une terre pionnière, immense, indomptée, indigente, où antilopes et chevaux sont plus nombreux que les humains. Là, la modernité est lestée d’immuable, le temps lourd de traditions, les départs déjà chargés de retours, la beauté intense de démesure. Hommes et femmes épinglés par leur attachement à ce sol et ce ciel larges, magnifiques et ingrats, sont projetés trop précocement dans un destin prévisible et étroit. Ils le vivent sans plainte et sans fantaisie dans des ranches inchangés.
La tendresse de l’auteure pour ces paysages et ces habitants est palpable. Servies par une langue ciblée, inventive, aiguë, ses longues périodes descriptives n’ennuient jamais. Les personnages dans leur banalité attendue impriment pourtant leur marque propre, touchante. Les deux autres nouvelles, brillants exercices de style un peu artificiels, ne véhiculent pas la même qualité d’ambiance.