Cet élan est à moi

JEFFERS Oliver

Wilfred possède un élan – c’est ce qu’il croit – et le baptise Marcel. Malgré l’étiquette accrochée à ses bois, l’animal ne suit que ses impulsions même s’il écoute, avec la patience du ruminant, les règles qu’édicte son propriétaire autoproclamé.L’image se charge de contredire le texte et raconte bien autre chose. Quand Wilfred l’imagine, dans une bulle rose, apportant le goûter sur un plateau (!) on ne voit que l’arrière-train du cervidé et s’il cueille les pommes, c’est pour les manger lui-même. Une vieille dame qui le revendique n’a guère plus de succès. Marcel vit sa vie, avec son beau pelage rendu à grands coups de pinceau, face au garçon sur le fond blanc. Sauvage mais débonnaire, il entraîne son « maître » loin de la maison. Sur un malentendu – encore un – il l’y ramène. C’est l’occasion d’apercevoir son monde : la montagne et les sommets couverts de neige, les prairies peintes de fleurs qui envahissent les doubles pages. Message peu appuyé mais convaincant : on ne possède pas plus un animal sauvage qu’un paysage grandiose. Marcel est d’accord pour toutes les règles… quand ça lui chante ! Drôlement malin.