En 1935, Iouri Tchirkov, quinze ans, accusé d’un prétendu comportement anti-révolutionnaire, est condamné à trois années de rééducation. Dans l’archipel des Solovki, où il est affecté à la bibliothèque, il poursuit ses études sous la conduite de brillants intellectuels détenus comme lui. Cette situation ne tarde pas à changer. En 1938, sa peine, devenue un enfer, est prolongée de cinq ans. Libéré en 1943, il « demeure rattaché jusqu’à la fin de la guerre » au camp d’Oukhta, où il est nommé météorologiste en chef. Arrêté de nouveau en 1951, il est contraint à une relégation à perpétuité. Il sera réhabilité en 1955.
Le récit de Iouri Tchirkov est essentiellement factuel. Les conditions de vie sont décrites dans toute leur horreur : le froid, la faim, la dureté du travail obligatoire, la cruauté des surveillants. Nulle place dans le texte n’est accordée à l’apitoiement sur soi-même ou à la rancoeur. Cependant, la reconstitution de cette tragédie laisse deviner le chemin intérieur parcouru par son auteur devenu un homme d’exception dans son souci des autres et nommé professeur d’université après sa réhabilitation. Un cahier de photos illustre ce document très dense, d’un grand intérêt.