Cette chose étrange en moi

PAMUK Orhan

À douze ans, Mevlut quitte son village d’Anatolie pour tenter sa chance à Istanbul avec les hommes de la famille. Son père, avec lequel il loge dans un bidonville, lui apprend à vendre dans la rue des yaourts, puis la boza, boisson traditionnelle turque. Amoureux d’une jeune fille, il lui écrit pendant trois ans des lettres enflammées qui parviendront à sa soeur… il refuse obstinément de changer de métier lorsque les modes évoluent, entraînant la disparition des vendeurs ambulants.    Orhan Pamuk (Cedvet Bey et ses fils, NB juin 2014) est connu pour sa verve romanesque et ses descriptions de la société turque en évolution. À travers le parcours de ce garçon, c’est le tableau vivant des cinquante dernières années de l’histoire du pays, des transformations opérées dans la capitale et dans la vie quotidienne des Turcs. Urbanisation toujours plus tentaculaire, gangs plus dangereux quand arrivent l’alcool puis la drogue ; les métiers changent, la façon de s’enrichir et l’islam évoluent. Malgré la peur, la révolution descend dans la rue. L’important pour réussir sa vie reste l’amour et la famille. Le regard d’Orhan Pamuk fuit les raccourcis réducteurs au prix de quelques longueurs. Une oeuvre intéressante, fouillée, tout en finesse. (V.A. et C.R.P.)