Un Allemand antinazi, ayant empruntĂ© lâidentitĂ© dâun ami juif disparu, Ă©chappe Ă la Gestapo et arrive Ă New York en 1944. AidĂ© par la diaspora juive installĂ©e dans des mĂ©tiers liĂ©s Ă lâart et aux antiquitĂ©s, il rĂ©apprend Ă vivre. Dans une ville oĂč tout lâĂ©tonne, entourĂ© dâĂ©trangers qui ont choisi l’exil, il reste obsĂ©dĂ© par les souvenirs sinistres de la guerre et peine Ă trouver son chemin dans une aprĂšs-guerre trĂšs floue pour lui.
Â
  Dans ce dernier roman inachevĂ©, nouvellement traduit, qui doit beaucoup Ă sa propre expĂ©rience, Erich Maria Remarque (Dis-moi que tu mâaimes, NB janvier 2003), se montre Ă nouveau excellent narrateur. Partage dâune ambiance (marchĂ© de lâart), description dâune ville (New York), mise en valeur chez lâexilĂ© du poids dâun passĂ© obsĂ©dant et de la permanence de lâinquiĂ©tude sont enrichis par sa connaissance intime de lâexpatriation. Les personnages y gagnent une prĂ©sence composite convaincante, le style une couleur juste, faite de dĂ©senchantement troublĂ©, de pudeur sans pathos, de raccourcis amusants. Les observations sociologiques voire philosophiques en sont plus percutantes, acĂ©rĂ©es et profondes. Le lecteur se dĂ©lecte de la peinture dĂ©taillĂ©e et anecdotique dâune communautĂ© acharnĂ©e Ă survivre, conjuguĂ©e avec une critique enjouĂ©e de la sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine. (J.M. et C.R.P.)