En Afrique du Sud, au XIXe siècle, une vieille femme retient son dernier souffle. Pendant cette longue nuit elle ordonne ses souvenirs du veld, en reconstitue inlassablement le puzzle. Dès l’enfance, sa mère dominatrice, dépourvue d’amour pour elle, la condamne à une solitude docile et sans rancoeur. Alors, elle observe, intériorise, devient spectatrice de sa propre existence passée parmi les trois générations de fermiers blancs passionnément attachés à leur terre hostile, à leurs traditions, à leurs secrets, à leurs mystères jamais élucidés.
Distanciée et présente, la narratrice traduit sa peur de la vie et ressuscite la chaîne familiale des mémoires enfouies. Aucun dialogue ne vient interrompre le cours de ces destins sans joie ni espérance. Les portraits sont d’une précision rare, l’intensité des émotions retenues est sublimée par l’extrême concision du texte. Retour au pays bien-aimé (N.B. août-sept. 2006) était déjà empreint de la même nostalgie. Un roman fort à l’écriture magnifique.
A.C. ET L.K.