Ce jour de juillet 1944 où son mari a été arrêté par les Allemands avec sept autres camarades de la résistance juive, Jacqueline Mesnil-Amar a rejoint « ceux qui ne dormaient pas ». Elle s’est souvent demandé pourquoi et pour qui elle s’était mise à écrire son journal : une échappatoire ? un rempart contre l’angoisse ? une occasion de réfléchir, de se souvenir ? Pendant trente-sept jours, jusqu’au retour de son mari évadé de l’ultime train de déportés pour Auschwitz, elle a raconté ce qu’elle vivait, souffrait, se rappelait dans le Paris figé et vivant du temps de la Libération. Elle s’interroge sur la façon pernicieuse dont son mari et elle, enfants de familles juives favorisées, assimilées de longue date, ont été re-constitués juifs, du dehors, alors qu’ils l’avaient si bien oublié.
Mi-reportage en direct, mi-méditation sur le sens de la vie, ce livre, paru en 1957, de haute tenue littéraire, se lit d’un trait tant le ton en est juste et vivant. Chaleureusement préfacé aujourd’hui par Pierre Assouline, il étreint par sa simplicité douloureuse comme les quelques beaux textes parus dans le Bulletin du service central des déportés israélites qui lui font suite.