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Coutumier des échanges avec des peintres comme Bram Van Velde, Soulage ou Ubac, Charles Juliet entretient avec Cézanne une relation toute empreinte d’admiration, de respect et de reconnaissance. Aussi décide-t-il de prolonger le dialogue silencieux en lui écrivant une lettre ponctuée d’interrogations, qui trouvent naturellement leur réponse dans ses toiles et écrits. Ayant lui-même vécu huit ans à Aix-en-Provence, l’auteur eut d’abord un regard nostalgique pour La Montagne Sainte-Victoire que Cézanne a peinte à l’infini. Puis des sentiments plus profonds l’unirent à cet artiste incompris et solitaire, miné par le doute, qui dut conjuguer les paradoxes avec obstination avant de parvenir à l’équilibre intérieur.
Sur le très long chemin de la connaissance de soi, Cézanne est un jalon. Il fait partie de ces rencontres fraternelles qui émaillent L’Autre Faim : Journal V : 1989-1992 (N.B. mai 2003), nourrissent la passion de l’écrivain et donnent un sens à sa vie. Irradié par la plénitude lumineuse de son oeuvre, il lui rend hommage sous une plume ardente, dans un texte court de toute beauté.