Neuf nouvelles dressent un tableau rude et lugubre de la vie actuelle en IsraĂ«l. Lâune montre Ă quel point, du fait de la divergence des cultures et de la solitude de la vie moderne, les conflits de gĂ©nĂ©ration et les problĂšmes de cohabitation peuvent sâexaspĂ©rer et gĂ©nĂ©rer une ambiance glauque et morbide. Dans la nouvelle Ă©ponyme, une ancienne dĂ©portĂ©e sent croĂźtre sous sa peau des bourgeonnements : cette « chair sauvage », symbole de la cruautĂ© de ses tortionnaires, ne permet pas mĂȘme Ă la malheureuse de susciter lâaffection des siens. Sont Ă©galement Ă©voquĂ©s lâamertume de la vieillesse, lâĂ©goĂŻsme ou la folie, la facilitĂ© avec laquelle des jeunes gens peuvent ĂȘtre manipulĂ©s.Â
Â
Cette vision trĂšs sombre de lâatmosphĂšre de Tel Aviv et de ses environs rappelle lâĂ©vocation de la difficile condition humaine, de La grande femme des rĂȘves (NB novembre 2006). Lâauteur crĂ©e des personnages prenants ou inquiĂ©tants pour lesquels il laisse percer une certaine empathie. Finesse psychologique et ironie caractĂ©risent ces textes oĂč bourreaux ou victimes sont dĂ©crits avec perspicacitĂ© dans un style nerveux, prĂ©cis, Ă©maillĂ© de dialogues vivants. Une lecture Ă©prouvante parfois, mais qui Ă©meut et marque profondĂ©ment.