Chaleur du sang

Comme Suite française (prix Renaudot 2004, Livre du Mois NB décembre 2004), ce roman a été retrouvé parmi les papiers que Denise Epstein, la fille d’Irène Némirovsky, a transportés avec elle durant toute la guerre. Conçu dès 1937, il aurait été écrit à la même époque que Suite française. Les personnages sont issus de ce petit village du Morvan où l’auteure et sa famille s’étaient réfugiées en 1940. Campagne française perdue, emmitouflée dans sa torpeur et son ennui, les gens s’observent, se jalousent, convoitent le bien de leur voisin, savent tout les uns des autres, les passions des jeunes s’envolent mais restent cachées. Personne ne parle. Le vieux Silvio raconte l’histoire de quelques couples de sa famille. Lui s’est déjà éloigné de la scène des passions. C’est tout cela qu’Irène Némirovsky écrit avec son sens aigu de l’observation, sa sensibilité à fleur de peau pour la nature, ses odeurs et sa beauté. On retrouve sa plume subtilement mordante, son écriture vivante, précise et minutieuse dans cette évocation de la campagne française et de ses habitants. Un plaisir.