Fabien, quinze ans, enfermé dans une maison de repos, rédige pour sa psychothérapeute cinq cahiers dans lesquels il raconte les événements qu’il a vécus un an auparavant dans un internat privé à l’atmosphère sinistre. Les enseignants, brutaux et bornés, maintiennent une discipline de fer ; les élèves, très bizarres, se tiennent les coudes. Les week-ends, Fabien les passe chez ses parents, une mère dépressive et un père fuyant, en conflit perpétuel. Aucune tendresse, donc, si ce n’est celle de Champion, son double, un loup imaginaire prêt à l’attaque… Ce long monologue, d’une ironie amère, au vocabulaire primaire, mi-banlieue, mi-potache, aussi pitoyable soit-il, peine à nous émouvoir. S’agit-il d’un adolescent affreusement rebelle ou d’un malade mental ? Maria Pourchet, sociologue de formation, a montré dans son précédent roman (Rome en un jour, NB octobre 2013) qu’elle savait croquer méchamment les travers d’un milieu. Mais sa description d’un univers sordide resterait banale si la prise de médicaments, discrètement évoquée, ne laissait pressentir un mystère. Des crimes d’abord, imaginaires ? Puis un drame : tout cela est mis en place laborieusement. Cependant quelques instants de tendresse, fulgurants et sincères, traversent l’ensemble. (M.Bi. et A.Be.)
Champion
POURCHET Maria