Dans sa correspondance permanente, principalement avec son frère aîné, de 1804 à 1832, Jean-François Champollion balise la route qui l’a conduit à découvrir, en 1822, le secret des hiéroglyphes qui expriment « tantôt des idées, tantôt les sons d’une langue. » Il accomplit un travail de titan entre l’étude des langues orientales, notamment du copte, son expédition en Egypte (1828-1829), de nombreux mémoires archéologiques, malgré les vicissitudes politiques (Restauration, Révolution de 1830), tout en sautant de Figeac à Grenoble, Paris, Turin ou Alexandrie avec les transports de l’époque, sans souci d’une santé fragile. Quoique cette relation chronologique soit fragmentée, il en ressort une progression intéressante vers la découverte du sens de cette écriture mystérieuse due à la volonté et à la passion d’un homme à laquelle il sacrifia tout, sauf sa complicité avec son frère. Moyennant un effort d’attention, ce parcours – jalonné par l’élaboration d’une imposante grammaire hiéroglyphique – est captivant et, par ailleurs, minutieusement retracé dans sa leçon inaugurale au Collège de France en 1831. Bien introduit par Robert Solé, l’ensemble révèle un combat sans merci, non dénué d’habileté politique.