Chandeleur l’artiste

VIDALIE Albert

Dans le petit bourg de Sainte-Flore, son église, ses bistrots, à une époque que l’on pourrait situer sans trop se tromper au mitan du XXe siècle, vivent les grands-parents Falentaine. Ils ont le plus beau jardin du monde. Ils ont aussi deux gendres. L’un sue la malveillance aussi fort que des pieds. L’autre, artiste et pilier de bistrot, a un frère quincailler qui, pour se venger du fer-blanc quotidien, se façonne une généalogie dorée sur tranches. Les femmes, soumises et mauvaises langues, se jalousent et s’épient derrière les volets pendant que les hommes boivent un canon au café. Les Notes Bibliographiques de février 2011 avaient applaudi à la réédition de L’aimable Julie, Monsieur Charlot et consorts, un recueil de nouvelles écrites par le sympathique anarchiste qu’était Albert Vidalie. Il y a encore des nostalgiques d’un passé champêtre et populaire à la gloire des gens modestes, où sexe et violence n’avaient pas encore vaincu les propos gentiment avinés dans les débits de boissons de village. Ceux-là seront servis une fois de plus par cette réédition. Il n’empêche, cette gouaille vintage écrite en 1958 a quand même du plomb dans l’aile.