Sur lâimmensitĂ© sereine de la mer, un bateau, ou plutĂŽt une maison flottante ; au-dessous se croisent des bancs de poissons ; au-dessus, le ciel est clair, sans nuage. Cette scĂšne initiale change subtilement page aprĂšs page : lâĂ©chelle de coupĂ©e sâenfonce dans lâeau, la nef nâa plus sa voile, se coiffe de cheminĂ©es qui crachent une fumĂ©e noire, un autre paquebot approche, sâarrime au premier, lâeau est polluĂ©e, les poissons fuient. JusquâoĂč peut aller ce bĂątiment gigantesque qui dĂ©sormais cache le ciel derriĂšre un enchevĂȘtrement de poutrelles ?  Sans paroles, les images sont Ă©loquentes pour raconter la catastrophe Ă©cologique de lâurbanisation massive qui fait disparaĂźtre du monde toute vie au point de saturer la double page de formes dâhabitations stylisĂ©es, superposĂ©es comme un jeu de construction compliquĂ©. Mais la nature reprend ses droits : la palette sâĂ©claire, reverdit quand apparaissent feuilles et oiseaux. La folie bĂątisseuse est contenue dans un symbolique aquarium, libĂ©rant Ă nouveau un espace respirable oĂč les hommes, absents de lâalbum, pourront peut-ĂȘtre revenir. Aussi symbolique que graphique, cet album mĂ©rite une lecture attentive. (C.B.)
Changeons !
GIUSTOZZI Francesco