Eva veut reparler à son ex-mari, Svante. Un soir, elle le suit dans un bois près d’un supermarché. Il a l’air furieux, la repousse. Puis c’est le trou noir… Elle se réveille à l’hôpital, Svante est mort, elle est la coupable idéale. Relaxée faute de preuves, Eva se souvient d’une mendiante roumaine, sans doute témoin de la scène, qui pourrait la disculper. Mais comment la retrouver ? À son habitude, Tove Alsterdal (Tango fantôme, NB décembre 2017) ne se contente pas d’imaginer un thriller efficace : elle inscrit son intrigue dans l’histoire récente ou dans les courants qui traversent nos sociétés occidentales. Ici on quitte Stockholm et ses mendiants pour suivre leurs traces jusqu’en Roumanie. On découvre Berlin et ses squats où s’organisent les marginaux européens en quête d’idéal altermondialiste. Par ailleurs le rappel des méthodes de soins psychiatriques du siècle précédent nourrit également la psychose des personnages. Clairement politisée, Tove Alsterdal conserve néanmoins la distance nécessaire pour ne pas nuire à son roman qui, au contact de la réalité, gagne en intensité et en vraisemblance. On voyage, on frissonne, on s’interroge. On dévore ces pages bien noires. (B.Bo. et L.D.)
Chant des âmes sans repos
ALSTERDAL Tove