Drôle de chemin que celui qui mène ce nouveau Petit Chaperon Rouge de sa maison à celle de sa grand-mère : il va, semble-t-il, du bout de la queue du loup à la pointe de son museau. Quoique…
L’album, sans texte, en noir et rouge sur fond blanc, bouscule la représentation pour renouveler, le long de l’échine de la bête, le frisson inhérent au conte. De double page en double page, le chemin s’étire, exploitant le format à l’italienne ; le point de vue subjectif du personnage y alterne avec les plans larges de sa progression. À hauteur de personnage, à coups de crayon bien visibles, les poils du loup hirsute deviennent des arbres menaçants. L’auteur se déplace autour de la minuscule fillette en plongées et contre-plongées, comme virevolte autour d’elle le papillon rouge qui l’accompagne. La menace est palpable quand la silhouette de l’enfant se reflète dans les yeux élargis de la bête ou quand, dans une ellipse annonçant le pire, cette dernière avale le papillon. L’histoire rebondit au rythme de l’image et le dénouement de ce récit sans paroles respecte d’autant mieux la richesse symbolique du conte.