Luce est une collégienne de treize ans, sans problèmes, qui se lie d’amitié avec un clochard « basé » devant l’entrée de la superette du bourg. Une année durant, pour passer le plus de temps possible auprès de lui, elle bouscule tout : scolarité, copines, remontrances. Étonnamment ses parents laissent faire…
Court roman ou grande nouvelle ? François David transforme en fiction le récit d’une jeune fille qui a vécu l’expérience de son personnage. Sans doute cette surprenante rencontre entre une adolescente et un adulte marginalisé a-t-elle une dimension romanesque ; mais le romancier l’exploite peu, même si l’ambiguïté du comportement de l’adulte suggère des ouvertures possibles à un texte tout entier à la gloire de la tolérance, du mystère de l’« autre », du respect qu’on lui doit. Le comportement des adultes témoins est caricatural : la sérénité des parents comme les sarcasmes du professeur choqué par cette relation inédite ! L’interview de la véritable Luce vient accréditer avec une certaine naïveté la « vérité de la fiction ». Peut-être, effectivement, l’écriture du personnage ne lui donne-t-elle pas assez d’épaisseur pour qu’il se passe de cette caution.