Charlotte Delbo, issue d’un milieu modeste, n’a pas fait d’études supérieures. Passionnée de théâtre, elle devient la secrétaire particulière de Louis Jouvet, ce qui la marque durablement. Elle épouse un résistant communiste, arrêté puis fusillé en 1942. Charlotte est emprisonnée pour raisons politiques et passe trois ans dans les camps en France, puis à Auschwitz-Birkenau et Ravensbrück. Revenue de l’indicible, elle s’estime miraculée et entreprend pour elle-même la rédaction de ce qu’elle a vécu, pour « faire voir » avec pudeur et vigueur, sans pathos, l’horreur des camps. Elle sera difficilement publiée et peu lue, l’opinion publique refusant longtemps de voir et d’accepter cette épouvantable réalité. Après la guerre, elle voyage, travaille et, en femme engagée, écrit articles, nouvelles, pièces de théâtre. Ghislaine Dunant (Un effondrement, NB novembre 2007) cerne l’intériorité et la passion vitale de celle qu’elle raconte et scrute. Cette biographie intéressante, un peu longue et parfois trop détaillée, fait également revivre la vie intellectuelle parisienne des années cinquante/soixante-dix. (B.V. et A.Le.)
Charlotte Delbo : la vie retrouvée
DUNANT Ghislaine