Chaux vive

Pascal a quitté ses racines rurales et périgourdines. Étudiant en archéologie à Bordeaux, solitaire et fauché, il loue une chambre minable ; pratiquant, il entend quotidiennement la messe. À la fac, il rencontre Aubin, largement trentenaire, marié et père, aisé, beau parleur, bien introduit dans le tout-Bordeaux. Improbable, une relation plus que cordiale naît entre eux. Aubin l’associe à ses sorties chic, le présente partout, lui fait des confidences parfois déconcertantes. Il finit par lui proposer une affaire un peu obscure, vaguement bancale. Pascal intéressé, troublé, flatté aussi, hésite puis accepte… Le style de Xavier Patier (Le silence des termites, NB avril 2009), vivant, précis et sobre, excelle à distiller une menace assourdie par la quiétude plutôt ordinaire d’un propos, d’une situation ou d’un personnage. L’auteur a puisé ses sources dans un fait divers récent et dramatique. En touches adroitement suggestives, il montre l’affabulateur pris au piège par son côté narcissique, hâbleur et mystificateur. L’épilogue implacable de cette entêtante spirale de l’imposture est pressenti voire attendu. Pourtant il ne déçoit pas.