Quand Emmanuelle accepte d’écrire pour Libération un article sur les OGM, sait-elle où cela la conduira ? À Newcastle où son amie Tatiana vient de créer, dans le secret, un chimérique homme-chien, Alistair. À Bruxelles où le Parlement européen réunit, pour débattre sur les grandes questions du moment, un panel éclectique de citoyens dont fait partie Wendy, la jeune Rom qui rêve de sauver les gadjé.
La fiction autorise les joyeuses invraisemblances d’une trame romanesque tissée avec une feinte désinvolture : de là, ces fils croisés pour le plaisir d’aborder, en touche à tout, des sujets de société prétendument différents. Et, du maïs phallique à l’homme-animal (mais oui !), la même folie dynamite la réalité. Alors, bienvenue en Absurdie quand le monde, vu du roman, se met à ressembler aux séries fantastiques et à leurs réjouissantes horreurs. Un pas de plus ? Soumettons ces questions dites de société à la sagacité incertaine de « panels européens représentatifs » : l’utopie politique du participatif n’est-elle pas aussi une chimère ? Privilège d’un roman à la croisée de plusieurs genres, l’humour relaie la lucidité, noir dans l’hyper-réalisme de certaines descriptions, loufoque à d’autres moments où la fantaisie débridée de l’écrivaine bouscule le lecteur par des inventions cocasses désopilantes. (C.B et M.D)