L’économie chinoise a réussi au-delà de toute espérance, grâce à son industrie performante et à ses exportations, haussant le niveau de vie des classes moyennes ; mais ce moteur s’essouffle… La pollution, la corruption des élites, la quantité de villes fantômes sont une préoccupation constante. Les riches rêvent de partir, les jeunes couples n’ont plus les moyens de se loger et d’éduquer leurs enfants, les ouvriers multiplient les grèves, le chômage augmente. Les entreprises d’État surinvestissent en raison d’un afflux de capitaux publics qui manquent aux petites et moyennes entreprises, la loi du plus fort règne. Le Parti tout-puissant réagit en renforçant son contrôle, censurant la blogosphère et agressant les pays voisins. Correspondant en Chine depuis 2010, l’auteur connaît parfaitement son sujet et s’est beaucoup documenté. Cet essai, bien que sombre, est passionnant, car il s’efforce à l’objectivité et s’en tient aux faits : après trois décennies de développement accéléré, la Chine doit piloter une transition délicate pour entrer dans une phase complexe de son histoire. Facile à lire, d’un style agréable, l’ouvrage semble indispensable pour réfuter les idées toutes faites. Il passe en revue les écueils et se termine sur une note d’espoir.
Chine, le grand bond dans le brouillard
GRÉSILLON Gabriel