Quelques grands chapitres – Voyager, Manger, Dans la rue, Un peu d’oisiveté, Pour la vie… – dressent un tableau de la Chine sous un angle inhabituel. L’incroyable imbroglio des villes surencombrées de véhicules, le bruit permanent, l’art de manger à tout moment de la journée, dans la rue, auprès d’échoppes montées à la hâte en fin de journée. Le spectacle étonnant des voyageurs qui mangent dans les trains (une véritable institution), deux vieux adeptes du taijichuan dans un jardin public au petit matin, des enfants qui font de la luge sur un lac gelé, la découverte des vacances…
Autant d’instantanés de la vie quotidienne chinoise, tant à la ville qu’à la campagne, dans ses couleurs les plus variées : surprenantes, dérangeantes parfois pour un Occidental. Une écriture vive, en quelques paragraphes centrés sur un aperçu, un vocabulaire moderne qui ne dédaigne pas d’emprunter à l’argot ou aux expressions populaires pour traduire l’ambiance d’un pays, où l’on sent bien que la tradition cède peu à peu le pas face aux avancées de la modernité. Les illustrations, extraites des carnets tenus lors des sept voyages en Chine de l’auteur, sont saisies du bout d’un pinceau qui s’exerce à reprendre les techniques d’art chinois. Sous une apparence classique, une approche originale, loin des clichés touristiques habituels, d’un pays kaléidoscope vu dans son intimité, dans un étonnant mélange de tradition et d’impudence, une image d’un peuple qui semble profondément « jouisseur », entre individualisme et immensité de la foule. (M.T.)