Les auteurs, journalistes à « Libération », étrillent la politique arabe de Jacques Chirac depuis trente ans. L’homme est fasciné par l’Orient, mais un Orient rêvé, celui des peintres orientalistes et des écrivains voyageurs du siècle dernier. Sa politique est faite d’impulsions, non de convictions : c’est la “stratégie du vide”, qui s’oppose sans proposer d’alternative crédible et surtout sans prendre de risque, un travers bien français. L’importance démesurée des amitiés personnelles ou “historiques” empêchent toute vision stratégique. Ainsi en va-t-il avec Saddam Hussein, que Chirac appelle le “de Gaulle du Moyen-Orient”, Yasser Arafat, son cher et unique interlocuteur en Palestine, Hassan II ou encore Rafic Hariri. Cette politique impulsive, souvent changeante faute d’anticipation ou de stratégie à long terme, l’emporte sur l’action visionnaire. L’“après règne” de ces chefs d’État, jamais préparé, laissera un vide que combleront sans hésitation les Américains. Deux ans d’enquête et deux cent cinquante entretiens pour ce livre très bien informé, fouillé, complet, avec de surprenantes confidences d’hommes politiques. Une lecture intéressante, même si l’angle de vue est forcément partial.
Chirac d’Arabie : les mirages d’une politique française
AESCHIMANN Éric, BOLTANSKI Christophe