Paul Auster quitte la veine romanesque de Sunset Park (NB novembre 2011) pour explorer le territoire Ă la fois vulnĂ©rable et Ă©tonnamment solide de son corps, rĂ©ceptacle prĂ©cieux de la mĂ©moire. Aujourdâhui sexagĂ©naire, il entre pas Ă pas dans lâhiver de sa vie. Son corps connaĂźt toujours les plaisirs et continue de faire lâexpĂ©rience des douleurs. RĂ©digĂ© Ă la deuxiĂšme personne, le rĂ©cit se retourne vers lâenfant quâil a Ă©tĂ©, lâadolescent en quĂȘte de jouissances, lâadulte comblĂ© par lâamour profond quâil nourrit pour sa femme. Un flot de souvenirs se croisent et se succĂšdent sans chronologie. Le plus douloureux sans doute ayant Ă©tĂ© la mort de sa mĂšre. ĂnoncĂ©es de maniĂšre factuelle, avec ce « tu » qui dĂ©clenche lâempathie, ces bribes autobiographiques passent sans transition de la profondeur Ă lâinsignifiance, mais nâest-ce pas le lot de tout ĂȘtre humain ? MĂ©lancolique sans ĂȘtre larmoyant, un trĂšs bel exemple dâintrospection.
Chronique d’hiver
AUSTER Paul