Chroniques de l’asphalte ; 4/5

Dans cette quatrième Chronique de l’asphalte, Samuel Benchetrit (Reviens, Les Notes septembre 2018) évoque son adolescence dans une cité de banlieue des années 1980. Quinze brefs chapitres, entre lesquels s’intercalent quatre « impromptus » : de courtes nouvelles où se croisent les copains, Dédé, Karim, Daniel, Ludo et lui-même, bien sûr. L’un après l’autre, ils sont au cœur d’un épisode cocasse mais émouvant aussi, souvent doux amer, parfois même cruel, dans lequel s’introduisent les célébrités qui fascinaient alors. L’un est pressenti pour jouer dans un clip de Balavoine, un autre déplace l’urne funéraire qui contient les cendres de son père pendant que le film La Chèvre passe à la télé, tous essaient de fuir un spectacle de danse contemporaine… L’auteur éprouve visiblement une grande tendresse à l’égard de ces adolescents tourmentés par leurs pulsions, qui se sentent coincés dans leur cité et rêvent de gloire et d’ailleurs. Usant abondamment de dialogues et d’une langue pleine de gouaille et de fantaisie, parfois poétique, il brosse un tableau à la fois tendre, cru et sarcastique des tracas d’adolescents dans un monde qui les néglige. À déguster sans retenue. (C.P. et S.D.)