Ulysse, David, Tristan, Julie (La nouvelle Héloïse), Frédéric (L’Éducation sentimentale) sont les têtes de liste de tout un monde de héros et héroïnes de papier en proie à la passion à travers la littérature. Ulysse pouvait se contenter de rentrer à la maison et de reprendre avec Pénélope le cours de son mariage interrompu… L’irruption du Dieu chrétien de la Bible dans l’intimité du couple amoureux, en y introduisant la conscience du bien et du mal, a creusé dans les relations amoureuses un gouffre de culpabilité et d’inquiétude. Dans notre monde sécularisé, qu’en est-il ?
Délaissant sa spécialité, l’histoire russe, et après une incursion dans le roman picaresque (Émile et les menteurs, NB avril 2008), Alain Besançon emmène le lecteur dans un étourdissant voyage littéraire très érudit. Le thème des grandes amours, heureuses et malheureuses, s’enchevêtre avec celui du sentiment religieux, de ses abîmes et de ses extases. On s’immerge dans Saint Augustin, on démasque Rousseau, on se surprend à plaindre Flaubert et l’on se dit qu’il faut lire et relire pour échapper à la grisaille d’une époque où, si la nature des relations a changé, les passions amoureuses, elles, subsistent.