Raymond s’est marié très jeune avec Marianne. Elle croit en lui, à ses talents d’écrivain. Mais ils ont deux enfants, pas de diplômes et des dettes jusqu’au cou. Pendant qu’elle trime jour et nuit pour les faire vivre, Raymond écrit et boit. Un jour cependant, il croise Douglas, éditeur de talent et professeur de littérature, qui lance la carrière de Ray en sabrant copieusement sa prose. Que serait l’un sans l’autre ? Tour à tour et par divers moyens, chacun des protagonistes s’adresse à un interlocuteur silencieux. Quel exercice de style ! Quelle subtilité ! Se plongeant dans l’univers de Raymond Carver, Stéphane Michaka écrit un roman polyphonique. Il emprunte la plume du nouvelliste et adopte les injonctions littéraires de l’éditeur. Ce faisant, il décortique avec art et manière les qualités d’une nouvelle réussie, affirme que le moins est le mieux, s’y colle avec brio, exemples à l’appui. La construction à focales variables et l’écriture « en creux », rapide, concise, elliptique, montrent combien le vide et le silence sont suggestifs en littérature.
Ciseaux

MICHAKA Stéphane