Ancienne abbaye de l’Aube devenue forteresse, la prison de Clairvaux est réservée aux « damnés ». Certes, les conditions matérielles et légales de la détention se sont améliorées, la peine de mort n’existe plus. Mais l’incarcération, surtout à vie, étouffe l’espoir de liberté. Certains individus tentent vainement de s’évader, d’autres se suicident ou deviennent fous. La majorité s’accommode de la vacuité monotone des jours. En courant pour se dépasser, en écoutant de la musique, en travaillant pour consommer, ou en se droguant, trafiquant…
Régis Schleicher, ex-membre d’Action Directe, condamné à la réclusion perpétuelle après un attentat sanglant, a passé vingt-cinq années en prison, dont vingt à Clairvaux avant d’obtenir la liberté conditionnelle. Il critique ici le système pénitentiaire qui ne permet guère aux condamnés de s’amender et ne favorise pas leur réinsertion sociale. Il témoigne de vies « néantisées », à travers une galerie de portraits pathétiques et le récit d’un quotidien fait de violence, de promiscuité, d’humiliations, de compromissions. Mais aussi humanisé par l’amitié. Car il n’y a pas que des salauds et des paumés en prison. Quelques individus restent dignes et parviennent à se reconstruire. Composé de courts chapitres, ce témoignage, assez nuancé, reste sommaire.