À quinze ans, timide, ses poèmes plein les poches, Raymond Radiguet rencontre Jean Cocteau et conquiert à jamais son coeur. Cinq ans plus tard, il a écrit deux romans, séduit le Tout-Paris ; et meurt d’une typhoïde, « fusillé par les soldats de Dieu ». Cocteau se replie dans sa villa de Villefranche-sur-Mer et sur son deuil. Ses amis l’entourent, les rêves de l’opium et la mer bercent sa douleur. Il se laisse saisir un moment, dans « les filets de Dieu ». Lentement, il recommence à écrire, ce sera Orphée. Le désespoir dépasse le cap des tempêtes, la vie reprend. Olivier Rasimi est poète, il habite Villefranche-sur-Mer. Son texte diffuse l’odeur des pins, irradie la chaleur de l’été, se colore d’images. Les sentiers, la petite chapelle, la mer, toujours différente. Le quotidien de l' »Oiseleur » se déroule, avec ou sans « Radigo » : les bains de soleil et de sommeil, le bateau Heurtebise. Il travaille, se drogue, écrit à sa mère, visite et reçoit ses amis, Max Jacob, Picasso, Auric, Stravinsky, le couple Maritain ; il se rend à Paris… Les métaphores, les notations inattendues, le vocabulaire recherché poétisent la prose lyrique. Ce parti-pris stylistique fonctionne presque toujours et cette sensible célébration de deux poètes et de la poésie est bien séduisante. (M.W. et M.-C.A.)
Cocteau sur le rivage
RASIMI Olivier