En se rencontrant dans d’improbables circonstances, à Sassaia, un hameau déserté par ses habitants et perdu en pleine montagne, Emilia et Bruno tombent follement amoureux l’un de l’autre. Pour mieux savourer leur passion, les deux solitaires se promettent de laisser le passé hors de leur nouvelle vie. Mais la curiosité l’emporte. Et si la douleur de l’un est avouable, il n’en va pas de même pour l’autre.
Fille unique d’un couple bourgeois uni, l’héroïne perd sa mère à douze ans. Malgré l’affection de son père, sa personnalité à part, complexe, se consume en fantasmes. L’ado commet un crime dont on ne mesurera l’horreur qu’en toute fin de livre. Est-elle un monstre ? L’interrogation qui taraude son amant, le narrateur, constitue un suspense efficace. C’est dans l’Italie du Nord bien connue de l’autrice (Une amitié, Les Notes janvier 2022) que se déroule ce drame psychologique. Les Alpes italiennes avec leurs paysages de forêts, le miroitement des lumières au fil des saisons sont bien évoquées ; leur misère et leur désertification aussi ; de même la délinquance juvénile, l’addiction à la drogue, la prostitution qui règnent dans les vallées et sur la côte ; et, parallèlement, l’évolution du traitement judiciaire des mineurs par l’éducation en milieu carcéral. Fallait-il noyer ces thèmes authentiques et forts dans une construction répétitive, au contenu larmoyant, perpétuellement mélodramatique (ce qui détruit l’effet recherché) et interminable ? Un roman un peu gâché, par une écrivaine pourtant talentueuse. (A.Lec. et A.Le.)