Trente ans se sont écoulés quand Marie retrouve à Paris son amour de jeunesse Paul. Ils passent la journée dans une brasserie, Paul lui raconte l’histoire de ses ancêtres partis de leur Tarentaise natale pour devenir commissionnaires à l’Hôtel Drouot, privilège qui leur a été accordé par Napoléon III au moment du rattachement de la Savoie à la France. De 1860 avec François jusqu’en 2010 avec Jules, six générations de Cols Rouges se succèdent…
Dans ce roman plein d’allant, nous est contée une saga familiale mouvementée à travers l’histoire des commissionnaires de l’Hôtel des Ventes, qui seront licenciés en 2009, après le scandale retentissant du recel d’un Courbet chez l’un des leurs. Ce vol fut l’apothéose déviante d’une pratique ancienne, la yape, qui autorisait tacitement les manutentionnaires à soustraire quelques objets de moindre valeur, seule ombre dans cette confrérie ouvrière où chacun achetait sa charge et où les gains étaient répartis à égalité entre ses cent-dix membres. Des pionniers descendus de leur alpages, jusqu’à la chute finale de la dynastie, ce n’est que tourbillon de portraits vivants et d’émotions fortes (fièvre des ventes, amour conjugal ou filial, mais aussi bagarres, viol, suicide…). Une épopée originale que l’on suit avec plaisir. Une documentation nourrie habilement intégrée au récit. (L.K. et C.R.P.)