Quelques décennies après avoir obtenu son indépendance, la République d’Haïti se cherche. Sa population est très mélangée : mulâtres, métis, quarterons ou Noirs nés en Afrique, les uns nouveaux propriétaires, les autres misérables. Un combat de coqs déchire deux demi-frères qui se détestent, le conflit dégénère, mais il s’apaise finalement autour d’une jeune conteuse de treize ans.
Dans son deuxième livre, Néhémy Pierre-Dahomey, né à Port-au-Prince, nous plonge dans le monde de ces esclaves noirs devenus maîtres de leur destin et qui se fixent eux-mêmes une règle de vie. Une grande liberté règne. La population pauvre rechigne à payer les taxes ; en même temps, elle peut rêver grâce aux histoires enchanteresses racontées par une mère et sa fille. Le récit est un conte folklorique dans un langage truculent ponctué de termes créoles faciles à comprendre. Les hommes s’appellent Pépé l’orage, Dorilien gros-ventre… Magie, rites, prières se mêlent dans un ensemble de palabres et de radotages, de musique et de chansons. Champs de canne à sucre et de tabac prospèrent entre chaleur et pluies diluviennes. Le roman est devenu un poème en prose, plaisant à lire. (H.V. et L.D.)