Un chat est assis, lisant. Surgit un chien, qui lui chipe l’ouvrage, grimpe dans un arbre et le lâche. Le chat poursuit son livre dans les airs, sur les mers, dans la ville et, après quelques péripéties, finit par le récupérer. Ceci est l’histoire que racontent les images. Quant au texte, il invite plutôt à considérer que l’histoire racontée n’est pas une mais multiple, que ce n’est pas réellement une histoire d’ailleurs, juste des possibilités. L’histoire que l’enfant lit devient l’histoire qu’il imagine et écrit et, d’ailleurs, son histoire c’est celle de sa vie. Point final.
Les illustrations taquinent le surréalisme et le fantastique avec beaucoup d’imagination, parsemant les scènes de détails surprenants, utilisant diverses techniques dont le collage. À cette richesse visuelle de l’image s’ajoute la richesse des interprétations possibles du texte poétique. Le problème est que l’un et l’autre s’éclairent peu mutuellement: ils suivent deux vies parallèles plutôt que complémentaires. Le texte file une métaphore, alors que l’image s’inscrit dans l’imaginaire narratif, et obscurcit les mots au lieu de les mettre en valeur. Un peu abstrait, un peu compliqué, un peu raté, presque très joli.