En 1968, à Memphis, Martin Luther King est abattu par un sudiste blanc. L’assassin, James Ray, commence alors une longue cavale qui le conduit à Lisbonne. En 1987, cette ville endormie et fascinante attire irrésistiblement un jeune écrivain en quête de lui-même. Il laisse à Grenade femme et fils nouveau-né pour découvrir durant trois jours, en un rêve éveillé, le décor de son roman. D’hôtels en clubs de jazz, il y croise les itinéraires du tueur avant de retrouver ses devoirs familiaux. Le succès venu, écrivain confirmé, il retourne à Lisbonne en 2013, avec son amante cette fois, pour y terminer le roman qu’il écrit avec une passion obsessionnelle sur l’assassinat du « Dreamer ». Savamment charpentées, trois histoires se développent, avec leurs chronologies, leurs personnages, des itinéraires – Memphis, Grenade, Lisbonne – qui se croisent et recroisent. Considérable, la documentation sur l’assassinat nourrit jusqu’aux dernières pages des récits minutieux, factuels, tandis qu’en narrateur-auteur, Antonio Muñoz Molina (Dans la grande nuit des temps, NB mars 2012) revit lui-même son passé. Les thèmes de la mort, de la perception du temps, de l’écriture, du rôle du roman, de l’amour charnel et de l’amour paternel traversent un texte qui éblouit par sa profondeur et étourdit par sa densité. (M.W. et M.S.-A.)
Comme l’ombre qui s’en va
MUÑOZ MOLINA Antonio