Le narrateur «a décidé» de partir pour un long voyage, de quitter son pays, mais non sans emporter ce qu’il aime le plus au monde, sa baleine rouge. Mais comment faire tenir une si grosse bête dans une très petite valise ? Il ne désire pas partir, sa baleine non plus, et pourtant il le faut ; ce n’est plus possible de différer, et pas question de renoncer à elle. Comme il n’existe pas de bagage adapté, le narrateur l’exhorte à la compréhension et à l’effort… et la baleine va se faire animal de papier, peint sur papier, qui une fois plié va rentrer dans la valise. Alors seulement ils pourront partir ensemble.
Un album étonnant et symbolique qui traite de l’exil et de la migration. Que représente cette baleine ? Est-ce l’énormité de la souffrance, celle qui consiste à quitter les lieux et les proches qu’on aime, sans assurance de les revoir ? celle qui consiste à tout perdre sans assurance du lendemain ? est-ce une exhortation à la résilience ? Le beau texte sobre est servi par une peinture directe épurée, où les humains, interchangeables, sont des silhouettes anonymes, sans visages. (M.T.D.)