Il nâest pas important, affirme Pierre Bayard, professeur de littĂ©rature Ă lâuniversitĂ©, de lire les livres que lâon commente. Ă la suite de Musil, il affirme que ce qui compte câest de situer un livre par rapport Ă la âbibliothĂšque collectiveâ, lâensemble des livres sur lesquels repose la culture Ă un moment donnĂ©. Avec ValĂ©ry, il convient de les parcourir pour mettre en oeuvre une « poĂ©tique de la distance », avec Umberto Eco il suffit de connaĂźtre par ouĂŻ-dire le contenu dâun ouvrage, avec Montaigne lâoubli fait du plus fidĂšle lecteur un non lecteur. Les rĂ©fĂ©rences sâenchaĂźnent pour illustrer la subjectivitĂ© totale de toute lecture et les liens permanents qui se crĂ©ent dans la âbibliothĂšque intĂ©rieureâ de chacun. Loin de lâhypocrisie sociale, lâauteur affirme la nĂ©cessitĂ© dâoublier sa honte pour participer Ă la âbibliothĂšque virtuelleâ, lieu dâĂ©change et de discussion sur les livres.
Â
TrĂšs savoureux parce que trĂšs argumentĂ©, cet essai dĂ©contractĂ©, paradoxal et libĂ©rateur, tĂ©moigne en fin dâouvrage de la culture psychanalytique de lâauteur. Pour suivre sa dĂ©monstration, ne lisons pas ce livre, inventons-le.