Tableau à faire frémir du système judiciaire de l’Ancien Régime, ou plutôt de l’absence de système. Pas de droit écrit, pas d’avocat : droits coutumiers et juridictions se chevauchent dans une France de sujets, soumis au monarque de droit divin. Pas de peine de prison : le supplice est public et cruel – fouet, pilori, roue… La question torture pour obtenir l’aveu. Le pouvoir encourage la délation des « mauvais propos » par peur de la « fainéante racaille » perçue comme dangereuse, et traque toute atteinte à la religion. Juristes et philosophes des Lumières s’émeuvent de l’arbitraire et de l’inégalité de traitement, de l’inhumanité des peines. Voltaire intervient dans l’affaire du Chevalier de la Barre ; Beccaria, dans son Traité des délits et des peines, remet en cause la peine de mort.
À côté de ces affaires ou de l’éxécution de Damiens, les archives judiciaires révèlent surtout la vie des petites gens : querelles de voisinage, place des femmes, moeurs quotidiennes et une grande misère. Cette étude pointue – l’auteure est Directrice à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales – nourrit la réflexion et la discussion. Lycées, adultes.