Prince du sang, par les Bourbons et les Montmorency, le « Grand Condé » se distingue très jeune comme un chef de guerre impétueux dont la carrière foudroyante s’achèvera quand il aura vingt-sept ans. Viscéralement opposé au pouvoir royal, il participe aux différentes étapes de la Fronde et déclenche une guerre civile à Paris avec l’aide d’un Parlement plus ou moins complice. Mis en échec par Turenne, il passe au service des Espagnols en guerre permanente avec la France. Cette trahison entraîne son exil pendant sept ans aux termes desquels, gracié par Louis XIV, il peut rentrer en France. L’auteur analyse avec acuité le parcours chaotique de ce héros qui, très jeune, se révèle inégalable dans l’art de la guerre, sans peur mais non pas sans reproche, tant son orgueil et son arrogance sont incommensurables, et sa haine ancrée contre Mazarin. Le jeune roi Louis XIV eut l’intelligence de recevoir sa soumission sans l’humilier et de lui accorder un pardon magnanime, le héros flamboyant de naguère s’étant métamorphosé en mécène généreux, plus souvent au château de Chantilly auquel il a redonné son lustre, qu’à la Cour. Après sa remarquable biographie de Mazarin (NB octobre 2007), l’auteur excelle à nouveau dans cette oeuvre monumentale solidement étayée.
Condé : le héros fourvoyé
BERTIÈRE Simone