Contes à rebours

Comment devenir père quand votre mère s’est suicidée à quarante-deux ans et que vous avez retrouvé, dans le foyer pour sans abri où vous travaillez, votre père qui vous avait abandonné à l’âge de six mois, devenu alcoolique, braqueur de banques et vivant dans la rue ? Telles sont les ombres qui pèsent sur l’enfance et la jeunesse du narrateur, lui-même en proie à des errements. Poète enseignant dans des collèges américains, il voyage, aime plusieurs femmes, parfois simultanément. Profondément heurté par les tortures infligées aux prisonniers d’Abou Ghraib, il recueille leurs témoignages à Istanbul. Nick Flynn revient sur le roman chaotique de sa famille (Encore une nuit de merde dans cette ville pourrie, NB avril 2006), qu’il mêle ici à une réflexion sur la torture. Il articule autour de celle-ci et du thème de la paternité sa quête de lui-même. Le livre déconcerte par sa structure éclatée en courts chapitres qui vont et viennent entre les différentes périodes de sa vie (les contes à rebours). S’ensuit un sombre récit saccadé, même si l’ensemble est tenu par une trame attachante et si le ton distancié pour dire les troubles personnels et nationaux s’autorise un cri de joie final.