Après la mort de son ex-compagne, un écrivain qui vient de perdre sa mère revient dans la maison d’Askoy, près de Bergen, pour s’occuper de sa fille. Il partage le deuil de l’adolescente, l’entoure de soins vigilants, presque maternels. Le jour, devant sa machine, il écrit. Il laisse vagabonder son esprit, fait défiler en désordre ses ascendants sur trois générations. Ses souvenirs mettent en lumière particulièrement la grand-mère Elly Alice, et ses propres parents, revisitent les lieux qu’ils ont habités et les événements, parfois anodins, qui ont compté. Après Marcher (ou l’art de mener une vie déréglée et poétique) (NB décembre 2012) l’auteur norvégien Tomas Espedal compose un ouvrage étrange sur la mémoire, sur le rôle des éléments matériels – les lieux, les moments – dans la construction des souvenirs. Mêlant l’imaginaire et le quotidien, le passé et le présent, il tisse « sa tapisserie familiale » d’où émergent quelques figures fortes (les ancêtres ouvriers), quelques portraits émouvants comme celui de sa mère. Les allers et retours dans le temps, les répétitions de situations, le grand nombre de noms norvégiens exigent une lecture attentive, mais ce roman transgénérationnel déroutant, écrit d’une plume précise et nette, parfois poétique, retient l’intérêt.
Contre l’art (les carnets)
ESPEDAL Tomas