CosmoZ

CLARO

Dorothy, l’Épouvantail, l’Homme en fer blanc, etc. Inscrits dans les mémoires, ils sortent du conte et film américains très populaires « Le magicien d’Oz ». Mais oubliez leurs pirouettes dans les prairies fleuries. Ici, Dorothy et ses amis ressuscitent, pour leur malheur, au coeur des épisodes les plus terribles de la première moitié du XXe siècle – guerre des tranchées, camp de concentration, explosion atomique… Ils se retrouvent soumis à une exploitation cynique ou dégradante – expériences médicales, parcs d’attractions voyeuristes… Et bien entendu, ils ne trouveront pas leur voie.

 

Comme le fit l’auteur américain Baum à son époque (1900), mais de façon moins plaisante, Claro, traducteur, polygraphe actif (entre autres titres Enfilades, NB février1999), fait de son CosmoZ une allégorie lourde de significations. Transposant les épisodes du conte, il place et déplace ses personnages dans leurs parcours chaotiques sans semer son lecteur, tout en lui donnant à penser. Cependant ce dernier fatigue : outre la tonalité générale désolante, chaque avancée du récit est longuement commentée, argumentée ; certains passages majeurs y gagnent une intensité incantatoire ; ailleurs, la prolixité devient bavarde. Des citations de T.S. Elliott ouvrent quelques issues poétiques dans ce sombre tableau annonçant l’apocalypse.