Couleur pivoine : une enquête de Milena Lukin

Après une guerre civile atroce, le Kosovo, à majorité albanaise, enclavé dans la Serbie, accède à son indépendance en 2008. Les autorités serbes invitent les habitants déplacés, d’origine serbe, à regagner leur terre d’origine où ils disposeront d’une maison équipée. Ce que fait un couple d’intellectuels sexagénaires. Criminologue à Belgrade, Milena Lukin, aidée d’un ami avocat, veut élucider leur assassinat non résolu en 2012. Dans la recherche de la vérité, elle est confrontée au problème du déplacement des populations, aux malversations des politiques et au détournement des aides européennes.  C’est un roman policier classique (sans intrusion brutale de la police) et sans suspense haletant, à l’écriture très descriptive. Les auteurs utilisent une enquêtrice courageuse et obstinée dont la vie privée envahissante disperse l’intérêt de l’intrigue, pour faire un constat attristant de leur pays. Pour atteindre le coupable, la jeune femme fait intervenir de nombreux personnages difficiles à relier entre eux, témoins ou acteurs de l’histoire compliquée de leur état récemment redessiné. Leurs souffrances sont celles des auteurs. Plus rythmé, le dernier tiers du roman, à la fin ouverte, relance l’intérêt, dénonce la justice bafouée de ces pays des Balkans englués dans leurs conflits ethniques. (A.C. et M.S.-A.)