Couleurs

Un jeune qui semble bien fatigué est recueilli par un vieil homme. Il a été retrouvé après la Grande Catastrophe sous d’autres corps. C’est ce que raconte cet homme âgé au jeune homme avachi sur la banquette du train. Celui-ci a complètement perdu la mémoire et ne se souvient ni de son prénom ni d’aucun détail de sa vie antérieure. Le jour, il gagne sa vie en servant de jardinier à l’homme qui le loge. La nuit, il peint avec talent des toiles abstraites vivement colorées dont il ne garde aucun souvenir au réveil.   Ce superbe album, presque uniquement en noir et blanc, crée un univers énigmatique peuplé d’indices angoissants dans un monde qui se veut apaisant avec son joli jardin. Des fourmis continuent inexorablement leur chemin. Une étrange porte rouge éclaire un paysage bien sombre. Un clochard inquiétant surveille le jeune peintre. Ce récit kafkaïen tourne-t-il en boucle ? Le somptueux dessin précis, à la manière de Comés ou Marc-Antoine Matthieu, se détache telle une gravure. Une formidable réussite. (A.D. et Y.H.)